Loin d'être l'adorateur du progrès qu'on fait de lui communément, Comte a au contraire très nettement marqué ses distances envers l'idée de progrès absolu, presque divinisé - tel qu'avait pu la concevoir par exemple son père spirituel Condorcet - et donc, indirectement, envers l'idée d'une société parfaite, rationnelle, où tous les problèmes seraient résolus par la science.
Sous tous les aspects, le progrès, tel que les Occidentaux l'ont conçu jusqu'à l'avènement du positivisme, doit être systématiquement regardé comme propre à l'essor préliminaire, et même incompatible avec l'état final, dont il troublerait l'économie. [...] Rectifiée par le positivisme, la notion fondamentale du progrès humain substitue une évolution continue à l'extension illimitée que les métaphysiciens supposaient.
Synthèse subjective, 195-196