Depuis la naissance jusqu'à la majorité, son ensemble [de l'éducation positive] comprend deux parties générales : l'une essentiellement spontanée [...] ; l'autre, directement systématique, consistera principalement en une suite publique de cours scientifiques sur les lois essentielles des divers ordres de phénomènes, servant de base à la coordination morale, qui fera converger toutes les préparations antérieures vers leur commune destination sociale. [...]
[...] une sixième année [...] systématisera définitivement toutes les études réelles par l'étude directe de la sociologie, statique et dynamique, qui rendra familières les vraies notions sur la structure et le mouvement des sociétés humaines, surtout modernes. Un tel fondement permettra à la dernière de ces sept années du noviciat positif de diriger immédiatement l'ensemble de cette éducation vers sa principale destination sociale, par l'exposition méthodique de la morale, dont chaque démonstration essentielle deviendra alors pleinement appréciable, suivant la saine théorie du monde, de la vie, et de l'humanité.
Système de politique positive, I, 173 (Discours préliminaire 3e partie)
Ainsi se forme l'échelle élémentaire du progrès humain, d'abord purement matériel, ensuite physique, puis intellectuel, enfin et surtout moral.
Système de politique positive, II, 42
Cette précieuse propriété s'y manifeste même quand son domaine reste réduit à la seule philosophie naturelle, comprenant l'ensemble de théories qui précèdent et préparent la science finale. Les études mathématiques peuvent ainsi inspirer un véritable attrait moral aux âmes bien nées qui les cultivent dignement.
Système de politique positive, II, 48
Alors le difficile trajet objectif du monde vers l'homme se trouve assez achevé pour constituer une foi complète et homogène. Surgie des moindres conceptions mathématiques, elle s'élève insensiblement jusqu'aux plus sublimes spéculations morales, en construisant une suite d'ordres toujours plus nobles et plus modifiables. Le plus éminent de tous devient le régulateur immédiat de nos destinées. Sa considération doit donc prévaloir pour l'appréciation systématique de chaque existence humaine. Elle y préside d'autant mieux que, d'après la constitution générale de la hiérarchie naturelle, ce dernier ordre condense nécessairement l'ensemble de ceux auxquels il est lui-même subordonné. Chacun de nous, sans doute, subit directement toutes les fatalités extérieures, qui ne peuvent atteindre l'espèce qu'en affectant les individus. Néanmoins, leur principale pression ne s'applique personnellement que d'une manière indirecte, par l'entremise de l'humanité. C'est surtout à travers l'ordre social que chaque homme supporte le joug de l'ordre matériel et de l'ordre vital, dont le poids individuel s'accroît ainsi de toute l'influence exercée sur l'ensemble des contemporains et même des prédécesseurs. D'ailleurs, l'action providentielle de l'humanité protège chacun de ses serviteurs contre les ascendants moins nobles, qu'elle modifie de plus en plus.
Au reste, cette transmission indirecte deviendrait pleinement conforme à la loi fondamentale du classement naturel si l'on distinguait l'ordre individuel de l'ordre social proprement dit, c'est-à-dire collectif, en ajoutant un degré final à la hiérarchie générale des phénomènes. Quoique ce nouveau degré différât beaucoup moins du précédent qu'en aucun autre cas, cependant il lui succéderait comme partout ailleurs, en tant que le plus particulier de tous et le plus dépendant. Je ferai souvent sentir combien il importe de prolonger jusqu'à ce terme extrême l'immense série qui, commençant au monde considéré sous son plus vaste aspect, aboutit à l'homme envisagé de la manière la plus précise. Ce perfectionnement définitif de ma hiérarchie encyclopédique doit seulement servir ici à ramener la remarque précédente aux relations normales de tous les ordres naturels. En effet, chacun d'eux est surtout soumis à celui auquel il succède objectivement, et qui lui transmet la principale influence de ceux dont lui-même dépend. La hiérarchie naturelle devient ainsi mieux semblable à nos hiérarchies artificielles.
Système de politique positive, II, 55-57
L'ensemble de la morale devient même une sorte de prolongement nécessaire du dogme positif, quand on étend la hiérarchie encyclopédique jusqu'à l'ordre individuel, qui en constitue le terme naturel, comme je l'ai remarqué déjà. Car, la subordination normale de la personnalité à la sociabilité n'est alors qu'une dernière application capitale de la loi fondamentale, qui partout subordonne objectivement l'ordre le plus particulier au plus général. La dépendance précédemment indiquée sous l'aspect théorique convient également à l'appréciation pratique. Ainsi, l'individualité se subordonne à la socialité, comme celle-ci à la vitalité, déjà subordonnée pareillement à la matérialité, premier domaine objectif et dernier terme subjectif de l'harmonie universelle.
Système de politique positive, I, 78-9
Une différence analogue se manifesterait ensuite si l'on voulait prolonger l'étude de l'ordre humain jusqu'à l'ordre purement individuel, ce qui ne devient indispensable qu'envers les principales notions. En effet, ce dernier cas offrirait plus de complication qu'aucun autre, comme affecté par des influences plus diverses et plus nombreuses, dont les résultats comportent moins de régularité. C'est ce qui m'a conduit, dans le premier chapitre de ce volume, à ériger la science morale proprement dite en septième degré nécessaire de la hiérarchie encyclopédique, pour compléter ma progression normale de complication et de spécialité.
Système de politique positive, II, 264-5
Cette conception finale de sept degrés encyclopédiques au lieu de six se trouve spontanément annoncée dans mon discours préliminaire, d'après le plan général de l'éducation positive, dont le cours septénaire se termine par une année de morale succédant à l'année de sociologie. Une telle source, directement relative à la destination religieuse de la saine philosophie, ne peut laisser aucun doute essentiel sur la réalité et l'opportunité de cette extrême modification.
Système de politique positive, II, 433